Les Franchises marocaines

Si la proximité culturelle et géographique a favorisé la France, le dynamisme de la franchise française explique également cette répartition. Mais au-delà des chiffres, on note une réelle croissance des enseignes d'origine marocaine. Si le nombre de franchiseurs étrangers est important, le nombre de points de vente qu'ils ont développés reste modeste. La moyenne arithmétique est de 5 magasins par réseau étranger. En revanche, les enseignes marocaines se taillent une belle part en terme de nombre de points de vente. 24 pour Kitéa, 37 pour Big Dill, une cinquantaine pour Yatout !

Ces réussites s'expliquent par une réelle connaissance du marché des entrepreneurs marocains qui ont la volonté d'étendre leurs implantations au cœur des villes de moindre importance. Amine Benkirane, dirigeant fondateur de l'enseigne de meubles Kitéa, explique que les enseignes internationales " veulent toutes se situer sur le haut de gamme, alors que bien souvent, dans leur pays, elles touchent une population plus large, considérant ainsi que le marché marocain n'est pas mûr. " Il poursuit en indiquant que " s'il est vrai que le pouvoir d'achat est plus faible, les entreprises qui s'implantent dans un pays étranger doivent adapter leur offre pour toucher un plus large public ".

Le développement des enseignes marocaines ne se fait pas sans mal, puisqu'elles doivent créer les outils qui leur font défaut. Amine Benkirane parle de l'absence de logistique, de formation, d'outils de gestion.

  • La logistique : les enseignes doivent mettre en place des outils pour gérer les stocks en flux tendu pour 10, 20 voire 50 points de vente. Plateforme de distribution et transporteurs organisés font défaut. Kitéa a du mettre en place ces deux services.
  • La formation : trouver du personnel qualifié dans les domaines de la distribution (merchandising, vente, accueil du client, fidélisation…), est pratiquement impossible. Les enseignes doivent donc former elles mêmes leur personnel.
  • Les outils de gestion : Défaut également d'outils informatiques de gestion, notamment en ce qui concerne les stocks et les ventes. Ce sont des impératifs, dans la mesure où ces jeunes enseignes tiennent à créer des réseaux qui respectent les règles de droit. Il a là encore fallu qu'elles créent des outils spécifiques.

Tous ces investissements pèsent sur ces enseignes qui ont le mérite d'avoir sur non seulement trouver les solutions techniques, mais également les moyens financiers de leur développement. Une preuve de plus, s'il en était besoin que les enseignes "maroco-marocaines" ont développé un réel savoir-faire. Les franchiseurs internationaux auront fort à faire pour les concurrencer sur leur propre marché.

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Entretien avec Amine Benkirane
Dirigeant fondateur de l'enseigne de mobilier et décoration

Un dossier réalisé par Yves SASSI, en collaboration avec la Direction des Investissements à l'occasion des Intégrales de la Franchise de Casablanca les 8 et 9 Octobre 2004