Dossiers de la franchise
J'ai un faible budget / apport. Y a-t-il des franchises accessibles pour me lancer ?
Formule la plus aboutie du commerce organisé indépendant, la franchise permet d’entreprendre clé en main en donnant accès à une marque reconnue, un savoir-faire abouti et une assistance continue. Mais cela se paie puisque le franchiseur doit amortir ses frais de conception ainsi que les coûts d’animation et d’entretien du réseau. Pourtant certaines franchises restent accessibles à des budgets raisonnables et demandent peu voire aucun droit d’entrée, ainsi que des redevances modestes. C’est le cas des concepts sans local - nécessitant peu d’immobilisations, et plus largement des enseignes de services. Cet article vous en dit plus sur la franchise à coût réduit, qui ne rime pas nécessairement avec low cost ou absence de rentabilité. Avec le témoignage de Kevin Torrano, fondateur de Kaltea, et les éclairages & conseils de Benoît Fougerais, directeur du pôle professionnel chez AFR Financement et Membre du Collège des Experts de la FFF.
Quels besoins en financement du candidat à la franchise ?
Avant de rejoindre un réseau, le candidat doit bien évaluer l’ensemble de ses besoins financiers. Voici les principaux postes à anticiper.
Quelques chiffres : 2 089 réseaux de franchise [1] - 90 588 points de vente franchisés [1] - 46 ans d’âge moyen des franchisés [2] - 68% ont cherché à réduire leurs dépenses et frais de fonctionnement (-12 pts en un an) [2] - 0 - 50 000 € : fourchette de montants de droits d’entrée, avec une moyenne autour de 18 000 € [3] - 10 000 - > 1 000 000 € : fourchette de montant total d’investissement, très variable selon le secteur - 1 % - 20 % : fourchette de montant de redevances exprimées en pourcentage du Chiffre d’affaires HT, (entre 1 et 5% dans le retail et > 7% dans le service) [3] - [1] Fédération Française de la Franchise [2] 21ème enquête de la franchise Banque Populaire [3] Franchise Management
L’investissement global, pour une vision d’ensemble
Il correspond au coût total nécessaire pour lancer l’activité jusqu’à ce qu’elle devienne rentable. Cela inclut le droit d’entrée, les travaux d’aménagement, l’achat du stock initial, le matériel, le recrutement, les frais de communication de lancement, mais aussi une trésorerie de sécurité.
Cette enveloppe donne une vue complète de l’engagement financier, et constitue une base pour bâtir un plan de financement réaliste avec votre expert-comptable.
Le droit d’entrée et l’apport personnel
Le droit d’entrée ou redevance initiale forfaitaire est la somme versée au franchiseur pour intégrer le réseau et pouvoir exploiter le concept (marque, formation initiale et accompagnement).
Certains réseaux n’en demandent pas, mais les contreparties et services offerts sont en conséquence. Leur modèle est plutôt de prélever une marge sur les produits que leur centrale vend aux franchisés. Par ailleurs, d’autres demandent un budget de communication de lancement, distinct du droit d’entrée, ou facturent la formation initiale séparément.
Quant à l’apport personnel, il est indispensable pour rassurer les partenaires financiers et obtenir un prêt bancaire couvrant le reste. Couvrant de 25 à 35 % à l’investissement global, il dépend du concept, de la solidité du dossier et de la politique du franchiseur. Et le delta entre l’apport et l’investissement global sera couvert par l’obtention d’un prêt bancaire.
Les charges opérationnelles à anticiper
Outre l’investissement initial, des charges récurrentes doivent être intégrées dans le prévisionnel :
- Travaux et aménagements : souvent à la charge du franchisé, ils répondent au cahier des charges du réseau ;
- Stock initial : il constitue une dépense importante au démarrage, surtout dans les secteurs de la distribution ;
- Redevances : elles comprennent généralement une redevance d’exploitation (fixe ou en pourcentage du chiffre d’affaires) et une redevance publicitaire de 0,5 à 3% du CA HT ;
- Abonnements : selon le concept, elles portent sur des services variés comme l’accès à des logiciels et des services de maintenance ;
- Recrutement : il vous faudra souvent recruter et former une équipe avant le lancement de votre activité.
Pour aller plus loin :

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Télécharger gratuitement notre guideQuels sont les secteurs en franchise ouverts aux petits budgets et à faibles apports ?
Aujourd’hui les concepts à « petits budgets » et les formats limitant votre investissement initial ne manquent pas.
Les secteurs concernés
On retrouve entre autres :
· Les services à la personne (micro-crèches, conciergerie, prestations à domicile comme le soutien scolaire, divers soins ...) ;
· Les services aux entreprises (externalisation, conseil, coaching, digital...) ;
· Les prestations de service en général, car elles requièrent peu d’investissements et d’immobilisations ;
· Les concepts sans local, à commencer par les food trucks. « J’ai l’exemple d’un client exploitant des “hair trucks”, sur un modèle requérant un investissement inférieur à 50 K€. Mais aussi de concepts reposant sur l’aménagement de containers dans les centres commerciaux, sur les parkings – notamment pour la restauration », illustre Benoît Fougerais ;
· Les concepts en triporteur pour la réparation et les menus travaux à domicile - en zones urbaines ;
· Enfin, les concepts en corner. Certaines enseignes ont d’ailleurs commencé sous ce format avant de poursuivre leur développement en boutique, franchisées ou non.
Les données financières
Pour le représentant d’AFR Financement, le ticket moyen d’entrée est très variable. « Pour des concepts sans local, comptez un investissement total de 10-30 K€, tandis que pour les concepts avec camions mobiles, c’est plutôt 40 à 70 K€. Et pour les concepts en kiosque, c’est plus difficile à évaluer, mais toujours moindre à une boutique classique », livre-t-il.
Chez Kaltea, réseau d'agences spécialiste du confort thermique et des énergies renouvelables, comptez un droit d’entrée de 20 K€. « Ce montant s’entend hors frais, mais inclut la formation du franchisé. Au total, nous demandons une enveloppe d’investissement de 60 à 100 K€, sachant que la banque demande 30% d’apport », explique son fondateur.
L’argent ne fait pas tout...
Si les capacités financières restent un critère majeur pour choisir une franchise, elles ne font pas tout. Si vous optez pour un secteur réputé accessible mais qui ne vous emballe pas ou si le réseau a une marque encore confidentielle, s’il ne vous apporte pas de réel savoir-faire ni même d’accompagnement, vous pourriez déchanter.
« Plutôt que de vous arque-bouter sur le montant de l’enveloppe demandée, adressez-vous à un professionnel pour mettre à profit l’ensemble des possibilités de financement. Vous serez surpris des options aujourd’hui disponibles ! », assure le membre du Collège des Experts de la FFF.
Plus d’informations sur les franchises sans local dans notre article !
Les solutions de financement disponibles pour compléter un apport limité
Chercher la « franchise pas chère » n’est pas toujours la meilleure solution. Et si vous exploriez l’ensemble des leviers de financement du marché ?
Panorama des solutions du marché
Du gratuit ou pas cher au plus onéreux, vous pouvez envisager :
Bon à savoir : Il est possible d’utiliser un mécanisme de « minoration » de l’apport, pour que l’assiette des concours bancaires soit plus faible. « Par exemple, si vous avez besoin de 200 K€ mais qu’une partie de votre besoin porte sur un équipement, du stock et du BFR à hauteur de la moitié, nous pouvons les mettre par exemple dans un contrat de leasing qui, lui, ne réclame pas d’apport et sera compté comme une charge. Ainsi votre besoin ne portera que sur 30% de 100K€ et non 200 K€ ... » argumente le praticien. Toutefois vous devez tenir compte de cette charge dans l’établissement de votre prévisionnel, car elle reste à rembourser.
La pratique chez Kaltea
La politique du franchiseur est de laisser une latitude aux candidats et de respecter leur indépendance. « Bien sûr à l’usage, j’ai pu constater que de jeunes créateurs activaient par exemple une demande de prêts à taux zéro. Mais je n’observe pas de tendance particulière envers tel ou tel canal de financement, hormis le circuit bancaire qui concerne tous nos candidats », relate Kevin Torrano.
Même approche s’agissant de l’expert-comptable et du financement bancaire. « Nous ne recommandons pas de réseau, parce que nous n’avons référencé Kaltea auprès d’aucun d’entre eux. Bien que nous ayons été approchés par certains d’entre eux, nous savons que nos candidats ne rencontrent pas ici de difficulté particulière. Nous nous adapterions si les conditions de marché devaient évoluer. »
Quelles perspectives de rentabilité espérer sur ces modèles ?
Si le modèle est peu coûteux, demandez-vous si la rentabilité est bien au rendez-vous.
Franchise peu onéreuse = franchise plus risquée ?
Notre expert en financement ne veut faire aucun raccourci. « C’est juste un autre modèle et c’est même moins risqué puisqu’avec un moindre apport vous misez moins ! Mais concernant vos chances de réussite, c’est un autre sujet », assure-t-il.
Et l’expert d’insister sur la nécessite de bien comprendre ce qu’on entend par rentabilité. « Si on raisonne Excédent Brut d’Exploitation ou pourcentage du CA certaines franchises à faible apport génèrent une rentabilité forte en pourcentage. Mais en valeur, son montant semblera faible car assis sur un CA modeste - comme avec les prestations de services. »
A contrario des concepts de restauration rapide sous grosse enseigne, génèreront plus de 2 M€ de CA : même avec un taux de rentabilité assez faible, le montant de cash généré en valeur sera incomparable. Donc tout dépend donc si on parle en pourcentage ou en valeur.
Le retour d’expérience de Kaltea
« Sachant que notre contrat est d’une durée de 5 ans, nous savons qu’en Année 1 (pour une base de CA de 300 K€), un franchisé ne gagne pas encore d’argent. En Année 2 (CA de 450 K€), il commence à en gagner et en Année 3 (CA de 650 K€), il en gagne vraiment ! », explique le franchiseur.
Au-delà de ces chiffres, Kaltea applique une vraie politique de suivi de la performance. « Nous disposons de tous les chiffres mensuellement (provenances, contrat, CA, KPI...) et nous challengeons nos franchisés sur les actions de communication à déployer localement et individuellement, car c’est à ce niveau que cela se joue », poursuit-il.
Enfin l’enseigne pratique un sourcing de leads depuis son site, avec Google (SEA et My Business) et elle encourage les échanges entre franchisés ainsi qu’au niveau local. En complément, elle fixe des challenges de CA à atteindre et utilise ses propres benchmarks pour donner aider ses franchisés à mieux se positionner.
Comment savoir si une franchise est rentable ? Plus de détails dans notre fiche pratique.
Quels profils sont les plus adaptés pour réussir dans ce type de franchises ?
Les franchises peu onéreuses demandent-elles des profils particuliers ou tout le monde peut-il réussir avec elles ?
Une exigence à relativiser
Pour le représentant d’AFR Financement, ce n’est pas tant une affaire de profil-type que d’addition de compétences spécifiques. « Si le concept visé fait la part belle à la qualité de la relation client, il vous faudra un bon sens relationnel, être commerçant, avoir le goût du conseil, de l’empathie et de la réactivité. »
Ensuite, il y a des invariants comme « avoir des bases en gestion, et une capacité à suivre le concept sans réinventer la roue. Plutôt que vous prendre pour des clients de l’enseigne, on vous demandera d’avoir compris les enjeux d’une relation d’interdépendance. Cela ne relève pas non plus d’un profil-type », complète-t-il.
Enfin, le montant d’apport financier constitue une exigence centrale mais il ne caractérise pas à proprement parler un profil, sauf pour des montants élevés concernant alors des profils investisseurs.
L’expérience préalable dans le secteur / métier est-elle un sujet ?
Benoît Fougerais observe deux sons de cloche. « D’un côté, des réseaux n’en font pas cas et ils ne veulent pas de franchisés qui seront tentés de tout critiquer en raison de leur bagage. De l’autre, certains l’estiment nécessaire si cela touche à une compétence clé pour réussir. Par exemple en matière de vente, s’il faut être à l’aise dans la prospection et la conversion des prospects », explique le praticien.
L’avis du franchiseur
Chez Kaltea, le savoir-être et les capacités commerciales sont décisives, la technique et le métier pouvant s’acquérir lors de la formation initiale. « Nous y sommes très vigilants pendant le process de recrutement. Nous ne réalisons pas encore de tests psychométriques, mais cela pourrait prochainement compléter notre dispositif », confie Kevin Torrano.
Pour valider ces aspects, l’enseigne utilise les journées découvertes. « Nous en organisons régulièrement pour souligner les aspects liés à notre métier, celui de chef d’entreprise climaticien. Ces moments sont précieux pour apprécier l’attitude du candidat, les questions qu’il pose, et nous faire une première idée de son niveau en matière entrepreneuriale, managériale et commerciale. »
Quelques conseils aux candidats pour finir
#1 – Sachez vous entourer et tout le temps
Ce n’est pas parce que la franchise est à faible coût que l’enjeu disparaît. « Entourez-vous de sachants, qu’il s’agisse d’un avocat, d’un architecte, d’un expert-comptable, d’un DAF externalisé ou encore d’un coach d’affaires. Cela s’avère un investissement judicieux ! », assure Benoît Fougerais.
#2 – Mettez-vous à niveau sur le digital
Car ces concepts s’appuient généralement sur une bonne communication web. « J’encourage aussi les franchiseurs à créer des vidéos longues et à les décliner sur plusieurs formats et plateformes pour leurs franchisés », poursuit l’expert qui confesse auss avoir créé son propre agent IA, pour optimiser sa production de contenus.
#3 – Soignez votre pitch
Préparez-vous à défendre votre projet devant vos différents interlocuteurs en restant vous-mêmes, insiste Kévin Torrano.
#4 – Faites preuve de transparence
Jouez franc jeu et ne dissimulez pas de faits importants pour apprécier la pertinence de votre candidature. « Cela évite les mauvaises surprises, d’un côté comme de l’autre, et face à des réactions que vous n’auriez pas anticipées », conclut le franchiseur.
#5 – Valorisez votre savoir-être et vos capacités commerciales
Ils sont souvent déterminants dans la performance de concepts, où il est nécessaire d’aller chercher le client – notamment pour les formats sans local.
Nous espérons que ces éclairages et retours d’expérience vous seront utiles ! Prenez le temps d'explorer les réseaux à budget raisonnable sur L’Observatoire de la Franchise, si cela correspond à votre stratégie et à vos moyens.
Pour autant, n’oubliez pas de clarifier vos capacités d’investissement et d’emprunt auprès de professionnels.
Pour compléter votre information, découvrez :
o Suis-je vraiment fait pour devenir franchisé ?
o La création en franchise : bouclier anti-chômage pour les seniors ?
o Quelles compétences pour entreprendre… et réussir ?

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Conseil éditorial depuis 2017, Nicolas Coutel dispose de quinze ans d’expérience en marketing et communication - dont 10 ans chez Mazars où il a contribué au développement d’une offre de service à destination des réseaux de franchise.
C’est sur cette base qu’il décide de créer son activité, pour se consacrer à l’écriture de contenus pour les enseignes et leur écosystème de conseils.
Titulaire d’une maîtrise en droit public, Nicolas est également diplômé du programme Grande Ecole de Neoma Reims et d’un Master 2 en Sciences de gestion. Féru de développement personnel, il est aussi titulaire d’un certification en coaching professionnel.
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