Entretien avec Nicolas Daumont

Je me suis lancé dans la création d’entreprise alors que j’étais étudiant en Maths Spé, puis j’ai suivi les cours d’une école d’ingénieur. A l’âge de dix-neuf ans, je passais tous mes jeudi après-midi à la Chambre de Commerce de Mont Luçon. J’ai ensuite demandé à faire mes stages au sein de ma propre entreprise. Dès le départ, je suis parti sur l’idée de mettre en relation les particuliers et les entreprises. J’avais expérimenté la difficulté de trouver un artisan lorsque l’on brise la vitre de la fenêtre de son appartement d’étudiant en février. Lorsque l’on est habitué aux publicités en 4X3 et à rechercher de l’information sur Internet, on a quelques difficultés à savoir où trouver un artisan. J’avais envie d’aider les personnes âgées, les femmes seules dans ce milieu hostile. Ensuite, en travaillant avec eux, je me suis rendu compte que la plupart des entrepreneurs sont fatigués, qu’ils font des métiers usants, qu’ils aiment malgré tout et que leurs relations avec les clients sont marquées par des malentendus. Au départ, le concept était orienté sur tous les services à domiciles et s’appelait Illico service. Nous nous sommes ensuite spécialisé dans les travaux, un secteur où les commissions sont plus rémunératrices, puisque les devis varient entre dix mille et cinquante mille euros. Nous apportons au client deux ou trois devis comparatifs, on fait jouer la concurrence en amont avec le client.

Nous recherchons des personnes qui ont un profil de manager commerciaux, avec suffisamment de charisme pour traiter avec les professionnels et de capacités relationnelles pour bien se faire comprendre des clients. Les concessionnaires du type « papa gâteaux », les plus anciens en fait, sont ceux qui réussissent le mieux. Nous vendons du service, une vraie prestation, du relationnel et pas un produit.
Nos concessionnaires apportent un savoir-faire complémentaire, nous avons notamment mis en place un book pour montrer aux clients les travaux réalisés par tel ou tel artisan, les clients peuvent alors s’approprier le travail de l’artisan et les deux parties se comprennent mieux. Illico Travaux se charge de collecter le devis signé, le paiement des acomptes et du solde à la fin des travaux. Cet aspect de notre travail nous permet d’influer en partie sur le respect des délais, des devis et de la qualité du travail fini. Nous facturons dix à quinze pour cent d’honoraires. Nous laissons aux clients un numéro consommateur en cas de réclamation. Les problèmes sont rares. Nous nous chargeons d’informer nos clients sur tous les incidents qui peuvent avoir lieu, notamment sur la question épineuse des délais, qui, il est vrai, ne sont jamais respectés. Une fois que tout le monde est informé, les choses se passent bien. Du point de vue pratique, la plupart travaillent en solo, avec un téléphone portable, un ordinateur portable et une voiture. Ils peuvent gérer leurs activités seul. Aujourd’hui, trois de nos affiliés songent à ouvrir un bureau et à recruter un assistant.

Le réseau compte soixante dix concessionnaires sur l’ensemble de la France. Nous sommes implantés en Rhône Alpes surtout, mais aussi en Région Parisienne où nous comptons quinze affiliés, nous avons ouvert quatre agences en six mois à Marseille et deux à Nantes. Nous devrions être cent dix, cent vingt à la fin de l’année. A terme le réseau devrait compter trois cent affiliés. Huit personnes travaillent au siège, dont des formateurs et assistants techniques. Les affiliés suivent dix jours de formation à Lyon, qui porte sur la relation commerciale concessionnaire client et celle entre le concessionnaire et l’artisan. Elle aborde également les aspects juridiques de la profession : déclaration de travaux, assurances, garantie décennale. Les concessionnaires reviennent passer une journée au siège trois à quatre mois après leur ouverture pour faire le point. Nous organisons également des réunions avec l’ensemble des concessionnaires au moins deux fois par an, et nous consacrons, chaque année, 60.000 € de budget pour la communication et le recrutement. Mais je préfère que les candidats se déplacent jusqu'à nous, question de motivation. Je n’ai pas l’intention de laisser mon « bébé » entre les mains de n’importe qui.