Ambassade d'Espagne à Casablanca

 Un entretien avec Enrique Verdeguer Puig, conseiller Economique et Commercial A l'Ambassade d'Espagne à Casablanca

Yves SASSI : Quel est votre analyse concernant la présence des franchiseurs espagnols au Maroc ?

Enrique Verdeguer Puig : La part prise par les franchiseurs espagnols au Maroc est marginale par rapport au potentiel. Hormis des enseignes réputées comme Mango, Zara ou Caribu, peu de marques ont fait la démarche.
Pourtant, il existe, en Espagne, plus de 650 enseignes qui ont développé un peu moins de 40.000 points de vente et 150.000 emplois. Cela représente un chiffre d'affaire de l'ordre de 12 milliards d'€.
Nos enseignes se sont principalement développées dans les secteurs de l'agro alimentaire, de l'hôtellerie restauration et de la mode.
Notre objectif, au Maroc, est de favoriser l'implantation de ces enseignes dans les secteurs d'activité, liés à la distribution, à la construction et au tourisme. Nous sommes un pays qui a créé des entreprises puissantes dans ces secteurs, notamment dans le tourisme.
On peut identifier les causes de ce manque. Le principal est naturellement l'absence de démarche commerciale de nos entrepreneurs vers le Maroc.
Il est aussi exact que les groupes espagnols se sont plus tournés vers les pays de culture hispanique, notamment le Mexique, le Chili, l'Argentine. Les privatisations récentes en Amérique latine ont dans un premier temps attiré les sociétés espagnoles qui pouvaient répondre aux offres locales.
Autre élément qui a détourné l'entrepreneur du Maroc, c'est l'entrée de l'Espagne dans l'Union Européenne.
Enfin, j'ajouterai que ce qui a naturellement favorisé les échanges entre la France et le Maroc, ce sont les structures d'éducation, écoles, universités... Nous n'avons pas d'école au Maroc et c'est un handicap difficile à surmonter.
On pourrait également parler du problème de la propriété des marques et de la contrefaçon. Mais cela n'est pas spécifique à l'Espagne. De nombreuses marques redoutent le piratage de leurs produits. C'est cependant un problème qui devrait être surmonté, mais c'est souvent un frein à l'investissement. Ceci dit, il faut éviter les stéréotypes.

Yves SASSI : Quelles sont selon vous les opportunités par secteur d'activité ?

Malik El Harim : J'en vois plusieurs. Nous avons des groupes très performants dans les domaines du voyage, des loisirs, de l'hôtellerie et de la restauration, du prêt-à-porter et également du meuble. Je pense que ce sont des secteurs que nous devrions développer rapidement. Et grâce à cela… dépasser la France ! Enfin, c'est un souhait pour les années qui viennent.