Dossiers de la franchise
Comment financer son projet d’entreprise à 20 ans ? Le cas de la franchise
Lancer sa propre affaire, c’est le rêve de beaucoup quand on a 20 ans, et pas forcément pour créer une future licorne ! Mais si l’enthousiasme et l’énergie ne manquent pas, ils n’évacuent pas une certaine inconscience des obstacles liés à l’entrepreneuriat. Et parmi eux, il en est un que l’on sous-estime souvent : la capacité de financement.
Or, avant 30 ans, l’apport personnel et la capacité d’investissement total sont logiquement plus faibles, quand la franchise implique certains surcoûts au démarrage puisque vous achetez un concept éprouvé clé en main. Heureusement des parades existent ! Jeunes candidats, cet article vous aide à faire le point sur cette question qui, bien qu’épineuse, n’est jamais totalement rédhibitoire. Avec le témoignage de Quentin Humblot, responsable développement de l’enseigne Elancia, et l’éclairage de Laurent Delafontaine, Fondateur du cabinet Axe réseaux et membre du collège des Experts de la FFF.
Les défis financiers du (très) jeune candidat à la franchise
Le financement constitue l’un des principaux obstacles se dressant sur le chemin du futur jeune franchisé.
Quelques chiffres[1] : 2 035 réseaux de franchise ; 92 132 points de vente franchisés ; Parmi les 32% désireux de créer leur entreprise, 60% ont entre 18 et 24 ans, et parmi les 43% désirant le faire en franchise, là encore 60% se situent dans cette tranche d’âge[2] ; 17 000 € est le montant moyen que les répondants de 18 à 30 ans du baromètre Opinion Way pour Go Entrepreneurs et Bpifrance estiment nécessaire pour lancer leur affaire, quand ils ne disposent que de 4 000 € [3].
[1] Fédération Française de la Franchise
[2] 20 ème édition de l’enquête annuelle de la franchise Banque Populaire
[3] https://www.beaboss.fr/Thematique/creation-entreprise-1024/Breves/OpinionWay-les-chiffres-cles-de-l-entrepreneuriat-en-France-380422.htm#:~:text=Un%20autre%20frein%20important%20%C3%A0,que%20de%2012%20000%E2%82%AC
Le manque de temps pour présenter les gages nécessaires
Avant 30 ans, votre activité professionnelle n’a pas pu vous procurer un apport personnel suffisamment pour investir dans la plupart des concepts en franchise. Quand vous démarrez une vie d’adulte, à moins d’avoir déjà créé et revendu une start-up, d’avoir revendu des bitcoins ou bien hérité, il est difficile de réunir plusieurs dizaines de milliers d’euros ...
Un constat partagé par Laurent Delafontaine, qui pointe aussi le rôle des banques. « Elles se montrent plus frileuses envers les jeunes porteurs de projet puisqu’à leur âge, ils sont plus souvent locataires que propriétaires de leur logement. Or, lorsqu’on finance une franchise, le revenu nécessaire pour un franchisé sera en moyenne plus fort s’il est locataire que propriétaire à crédit », argumente le consultant.
Et il en va de même pour l’historique bancaire. « A 25 ans, leur banque ne connaît pas encore vraiment leur profil d’emprunteur. Bien sûr, certains auront déjà souscrit voire remboursé leur prêt étudiant, mais leur banquier ne dispose pas des 15 ans de recul qu’il aurait avec un profil quadragénaire, et fort d’éventuels incidents rencontrés », poursuit le fondateur d’Axe Réseaux.
Le cas Elancia
Pour ouvrir un centre qui ne ressemble pas aux salles de sport traditionnelles, comptez un investissement global de 400 000€ à 500 000€ , pour un apport personnel de 70 000€. « Un montant conséquent pour un jeune candidat, qui devra normalement lever des fonds pour le compléter », assure Quentin Humblot (en photo ci-dessous).
Dans l’accompagnement du candidat, le responsable développement explique partir de son besoin et auditer sa situation. « Tous les dispositifs sont bons, nationaux comme régionaux, pour booster son apport et maximiser les fonds dont il dispose. Elancia a noué des partenariats avec certaines banques, ainsi qu’avec un courtier en crédit – même si le porteur de projet reste libre de procéder comme il l’entend », explique-t-il.
Les options de financement les plus efficaces pour aider nos jeunes candidats à la franchise
Passons à présent en revue les principaux canaux de financement s’offrant aux jeunes candidats.
Côté franchiseur, on estime que tous les moyens sont bons, que ce soit via les entités étatiques, régionales, ou les CCI. « C’est un travail de terrain que nous menons conjointement avec le candidat, même si nous restons une structure à taille humaine. Mais nous nous voulons surtout des facilitateurs. Car à mon sens, vous ne devez pas penser que tout est prémâché et que cela va vous exonérer de certaines recherches », assure le responsable développement d’Elancia.

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Le prêt bancaire restant la pièce maîtresse du financement - à fortiori pour les jeunes franchisés, soignez votre business plan. Voici quelques conseils.
L’indispensable apport d’un expert-comptable
Laurent Delafontaine est formel à ce sujet : « la première des précautions pour un candidat, fût-il jeune, est de faire appel à ce professionnel. Il ne doit pas s’engager auprès du premier qui lui vient de son entourage, mais en rechercher un qui non seulement connaisse son futur secteur d’activité, mais qui maîtrise également les spécificités de la franchise », recommande le consultant.
Bien sûr, cela représente un coût pour un jeune entrepreneur. « Mais c’est cela me semble pourtant nécessaire. Cela étant, il existe différents organismes pour fournir une prestation de soutien à l’établissement de votre BP et en fournir une première version. Je pense par exemple à Bpifrance, France Travail ou au parcours de BGE. Renseignez-vous, et n’hésitez pas à demander à votre futur franchiseur s’il a des contacts », poursuit-il.
L’alimentation du BP par la tête de réseau
Le franchiseur ne peut fournir un document clé en main à son candidat, si rompu soit-il à l’exercice. Mais il peut le rassurer en faisant preuve de transparence.
« Chez Elancia, nous tenons à cette transparence, et le plus tôt possible, notamment sur les charges et les coûts de fonctionnement du futur franchisé. C’est d’autant plus important auprès d’un jeune candidat qui entreprend pour la première fois qu’il lui manque encore certains réflexes. Aussi, nous lui expliquons notre modèle financier, et nous le mettons en relation avec nos partenaires, expert-comptable et avocat », détaille Quentin Humblot.
Le franchiseur transmet également une série de données chiffrées, qui sont des moyennes mais pas que. « Idéalement, nous identifions un club Elancia dont les caractéristiques sont le plus proche possible de son projet. Disposer de données réalistes l’aidera à projeter de meilleures hypothèses dans son prévisionnel. A la suite de quoi nous répondons aux questions du porteur de projet, et nous prenons le temps d’expliquer pour que le process soit le plus fluide ensuite », ajoute-t-il.
Ces facilités dont le franchiseur peut user pour aider ses plus jeunes candidats
Face aux difficultés observées, les franchiseurs aussi s’organisent.
Franchise participative et location-gérance, deux formules qui se distinguent
Pour Laurent Delafontaine, deux leviers ressortent. La franchise participative tout d’abord : « elle permet au franchiseur de soutenir le projet de son partenaire en prenant une participation minoritaire (26%) au capital de la société exploitant le point de vente. Ce dispositif prévoit en principe une clause planifiant le rachat de ces parts au bout d’un certain délai », explique l’expert.
Il identifie également la location-gérance, qui offre un accès programmé à la franchise au bout d’un certain temps d’exploitation. Formule méritocratique séduisant notamment les salariés d’une enseigne, on la retrouve dans différents secteurs, par exemple chez McDonald’s.
Favoriser les candidatures salariées
De son côté Quentin Humblot croit fermement aux projets portés par les jeunes salariés du réseau. « Le fait qu’ils connaissent déjà le concept est un gros atout et nous rassure. Par une communication régulière auprès de notre parc de succursales, nous les y encourageons et proposons des entretiens aux collaborateurs intéressés. Dans certains cas et selon profil, nous pouvons même faciliter la reprise d’un club existant – même si ces situations ne sont pas les plus courantes », concède-t-il.
Des perspectives enthousiasmantes, même si certaines difficultés subsistent. « En matière de gestion (juridique, comptable et financière), ces candidats doivent être bien accompagnés. Je pense notamment à celles et ceux qui œuvrent en salle pour coacher nos adhérents. »
Minorer le montant des redevances ? Terrain glissant ...
Ensuite, on pourrait songer à une minoration de droit d’entrée ou de redevances. Mais le formateur à l’Académie de la Franchise les déconseille, puisqu’ils introduisent une inégalement de traitement vis-à-vis des autres franchisés.
Un avis partagé par Quentin Humblot. « Ce n’est pas envisageable pour une création ad hoc chez Elancia, par souci d’égalité. Sachant aussi que le montant du droit d’entrée n’est pas si déterminant, rapporté au montant total de l’investissement demandé. »
Le responsable développement d’Elancia plaide d’autres formes de soutien « Ce qui nous importe est d’aider le candidat, jeune ou non, à répondre à ses enjeux d’exploitation. Ainsi, nous sommes à ses côtés pour aider son lancement, booster sa stratégie commerciale et répondre à tout moment à ses questions.»
Ces atouts spécifiques des jeunes franchisés pour surmonter leurs barrières financières
En dépit du handicap financier, les jeunes porteurs de projet peuvent compter sur différentes qualités pour tirer leur épingle du jeu.
Ces qualités sur lesquelles vous pouvez compter
De son expérience de franchiseur, de consultant en développement et de formateur à l’Académie de la franchise, Laurent Delafontaine a côtoyé et accompagné des centaines de jeunes candidats. Un parcours qui lui permet aujourd’hui d’identifier certains atouts.
« Tout d’abord, ces jeunes candidats osent prendre des risques que d’autres plus âgés ne prendront pas, notamment en tant que franchisés pionniers auprès de jeunes concepts ou étrangers. Ensuite, je dirais qu’ils ont l’énergie, l’enthousiasme et le dynamisme de leurs 20 ans, mais aussi la condition physique. Je rappelle combien celle-ci compte dans certaines activités comme la restauration !De plus, les candidats à la franchise digital natives sont particulièrement à l’aise avec les enjeux du numérique et explorent naturellement les nouveaux usages (no-code, IA générative, réalité virtuelle). De plus, ils maîtrisent le côté communautaire des réseaux sociaux, qui sont devenus des médias prépondérants. On voit combien le secteur de la restauration rapide est friand de contenus postés sur Instagram, Tiktok et autres Snapchat, permettant de constituer une audience rapidement et de pour faire grossir un business. Autre point fort, concevoir leur business plan de manière très marketée, à l’image du pitch deck que les concepteurs de start-ups mettent au point avant d’aller lever des fonds. Ça leur permet d’être plus impactants dans leurs démarches. Dernier atout à faire valoir pour les plus jeunes, ils peuvent très bien aller voir un franchisé géographiquement proche, et lui proposer de s’associer à lui en minoritaire, compte tenu de leurs moyens limités. Je l’ai vu notamment sur l’agglomération Rouennaise. J’y vois un peu de la franchise participative entre franchisés ! », conclut notre expert.
S’agissant de Quentin Humblot, si rien ne compense un vrai manque de fonds, les jeunes candidats peuvent aussi miser sur l’agilité. « J’observe chez cette population, mais pas que, à quel point cette qualité leur permet de s’adapter et de surmonter différents obstacles. Il en va de même pour les qualités commerciales et la détermination », argumente-t-il.
De salarié à ... multifranchisé chez Elancia
Le responsable développement de l’enseigne nous partage l’exemple d’un ancien salarié de l’enseigne. Devenu franchisé à 27 ans, il connaissait très bien le concept, pour avoir travaillé plusieurs années au sein de l’enseigne et il était motivé à l’idée de lancer son propre centre. « Malgré un apport personnel modeste, il a su mobiliser plusieurs leviers de financement et contourner cette barrière typique des candidats de son âge. J’admire son énergie, sa détermination et sa capacité à mettre les mains dans le cambouis. Et le mieux dans tout ça ? Il est aujourd’hui multifranchisé ! » conclut Quentin Humblot.
Alors, toujours résolus à vous lancer en franchise malgré votre jeune âge ? Cet article vous a permis de voir que la question du financement, même si elle a son importance, est loin d’être rédhibitoire.
Alors parcourez L’Observatoire de la Franchise et son annuaire pour identifier des secteurs et des enseignes qui sauront vous faire confiance.
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Conseil éditorial depuis 2017, Nicolas Coutel dispose de quinze ans d’expérience en marketing et communication - dont 10 ans chez Mazars où il a contribué au développement d’une offre de service à destination des réseaux de franchise.
C’est sur cette base qu’il décide de créer son activité, pour se consacrer à l’écriture de contenus pour les enseignes et leur écosystème de conseils.
Titulaire d’une maîtrise en droit public, Nicolas est également diplômé du programme Grande Ecole de Neoma Reims et d’un Master 2 en Sciences de gestion. Féru de développement personnel, il est aussi titulaire d’un certification en coaching professionnel.
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