Dossiers de la franchise

La formation des candidats à la franchise

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Patrick Seifert, co-fondateur avec Jean-Louis Cantonnet et Yves Sassi de "franchise formation", travaille depuis plus de dix ans dans le conseil aux entreprises. Ancien élève d'HEC, il a notamment collaboré au repositionnement de Bouygues Télécom peu après son lancement en 1996. Aujourd'hui, il propose aux nouveaux franchisés et à leurs équipes un mode d'emploi pour se lancer dans la création d'entreprise. Patrick Seifert nous explique les enjeux de cette formation.

Caroline Kervennic : Quelle est l'image de la formation en France ?

Patrick Seifert : Le clivage employeur employé est particulièrement développé en France. Il résulte de la culture de lutte sociale, des habitudes de rivalité qui sont très fortes dans notre pays. Cela peut aller des mauvaises relations de voisinage aux conflits dans l'entreprise. Dans ce contexte, la perception (conception) des formations est également très particulière. Les salariés peuvent avoir le sentiment que l'employeur s'en sert pour passer des messages subliminaux. La formation peut être interprétée comme une tentative de subversion des salariés.

CK : Comment peut on remédier à cet a priori ?

Aujourd'hui, la formation constitue un nouvel enjeu dans le cadre des trente cinq heures. Les partenaires sociaux ont demandé qu'elle entre dans la semaine de travail. Dans certains secteurs, les jours de formation sont récupérés sur le temps de travail. Un autre point de cristallisation des tensions concerne le contenu des formations. Au départ, elles étaient centrées sur le savoir faire. On y a intégré le "savoir être" dans les vingt dernières années. Aujourd'hui, c'est ce dernier qui domine.

Les formations répondent à trop de registres à la fois. Elles prennent en charge non seulement le bien-être professionnel mais aussi le bien-être personnel.

Compte tenu des tensions, il est indispensable d'optimiser la formation. Nous avons moins de temps à leur consacrer, on devrait donc focaliser sur les points importants pour l'entreprise. Le passage aux trente cinq heures a également modifié les rythmes. Les formations ne peuvent avoir lieu que sur trois jours, les mardi, mercredi, surtout le matin d'ailleurs, et le jeudi. Les lundi et vendredi sont intouchables. Les formations qui étaient autrefois organisées sur une semaine deviennent un véritable casse-tête. Autre problème issu des trente cinq heures, l'entreprise est devenu un lieu utilitaire. Les temps de pause ont disparu et avec eux, le lien social. Les formations offrent une bonne occasion de le retisser. Elles agissent comme une fenêtre qui sort les employés de la mécanisation de l'entreprise.

CK : Quels sont les particularités de votre formation à destination des nouveaux franchisés ?

Notre but est d'apporter des réponses très opérationnelles, notamment aux nouveaux franchisés. Nous allons les aider à opérer la mutation délicate de leur ancienne psychologie d'employé à celle d'employeur. Ce sont eux qui vont porter la responsabilité de l'entreprise. Certains le supportent mal, certains s'imaginent qu'ils sauront répondre aux demandes de leurs salariés du fait de leur expérience et se rendent compte que ce n'est pas toujours possible. Et cela même si la demande est légitime.

Ils sont passés de l'autre côté du miroir et certains vont mal vivre ce changement de position.

Nous leur apportons une aide au repositionnement. La réussite d'un projet, l'atteinte d'objectifs passe par des sacrifices et le deuil de certaines choses comme les relations de copinage, de l'idée que l'on se fait des relations aux autres, le deuil de la sécurité et d'un certain confort également. Nous offrons un mode d'emploi pour s'épanouir dans un nouveau cadre.

CK : Quels thèmes vont être développés lors de la formation destinée aux salariés des enseignes ?

Nous leur délivrons des outils et des réponses très opérationnelles. Il s'agit d'une aide au positionnement de la personne dans sa fonction. Il faut permettre aux participants de se projeter dans un projet professionnel plus vaste, leur insuffler de l'ambition pour l'entreprise et pour eux même. Pour nous, si un employé devient directeur de vente ou franchisé, c'est une réussite. Il s'agit aussi un moyen de remettre en alignement le management et les collaborateurs au travers d'un projet commun et d'une entreprise commune.

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