Dossiers de la franchise

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2025, le bon moment pour se lancer en franchise ?

Dans un contexte économique mouvant où l’inflation, les mutations du commerce et les attentes des consommateurs redessinent les règles du jeu, la franchise continue d’attirer les porteurs de projets. Modèle rassurant par son accompagnement et sa notoriété, elle semble offrir une alternative solide à la création d’entreprise en solo. Mais est-ce toujours le bon moment pour se lancer ? En 2025, entre nouvelles opportunités sectorielles, renforcement des exigences réglementaires et évolution des profils de franchisés, il est plus que jamais crucial de poser les bonnes questions avant de s’engager. Décryptage des tendances et des signaux à surveiller pour savoir si l’heure est venue de franchir le pas. Avec le regard croisé de deux experts membres du collège de la FFF, Sylvain Bartolomeu, Président de Franchise Management, et Nicolas Louis-Amédée, Product manager Géomarketing chez Ciril GROUP.

2025, le bon moment pour se lancer en franchise ?

La conjoncture actuelle : une opportunité ou pas ?

La conjoncture économique et le climat d’affaires jouent un rôle déterminant dans l’appétence des candidats à lancer leur projet.

Quelques chiffres : 2 089 réseaux de franchise [1] - 90 588 points de vente franchisés [1] - Le top 3 des secteurs en CA : Alimentaire (30,28 Mds €), Restauration rapide (10,39 Mds €) et Commerces divers (9.76 Mds €) [1] - 92% des franchiseurs ont ouvert au moins un point de vente lors des 12 derniers mois [2] - 79% des franchisés estiment mieux résister à la crise qu’un commerçant isolé [2] - 40% ont créé au moins un emploi dans l’année [2] - [1] Fédération française de la franchise - [2] 21ème enquête de la franchise Banque Populaire.

Tout reste relatif ...

Même si le contexte est chahuté et que l’on a connu de meilleurs moments pour entreprendre, rappelons-nous que les crises créent aussi les opportunités. C’est le parti pris par Sylvain Bartolomeu, qui reconnaît avoir vu de très beaux projets naître ainsi. « Initier votre lancement dans un contexte contraint vous force à le mettre en œuvre avec d’autant plus de vigilance et de rigueur. Ainsi lorsque la conjoncture économique et business se retourne (elle reste cyclique), vous avez tellement peaufiné votre projet qu’il sera de fait optimisé et plus performant que la moyenne. Et vous prenez un temps d’avance sur la concurrence », explique-t-il.

Un raisonnement qui vaut aussi à l’inverse : si vous vous lancez lorsque tous les voyants sont au vert, vous affrontez davantage de concurrence au risque de vous retrouver, dans certains secteurs, dans un véritable "océan rouge".

Et s’il n’y avait pas de « bon moment » ?

Que la conjoncture soit tendue ou non, la vie entrepreneuriale comporte toujours des risques et des événements imprévisibles peuvent vous affecter à tout moment – comme en témoigne la crise sanitaire. Et puis il y a un effet de vases communicants, puisque certains secteurs ayant dévissé reprennent et d’autres chutent à leur tour.

Or c’est précisément l’intérêt de la franchise que d’offrir de la résilience pour surmonter les crises. « Certes des unités franchisées ferment, mais moins que d’entrepreneurs isolés. Et vous lancer en contexte tendu vous incite à être plus attentif, par exemple dans la construction des hypothèses et le calcul des postes de charges de votre prévisionnel », rappelle Nicolas Louis-Amédée.

Mais quoi qu’il en soit, 2025 reste globalement un meilleur millésime que 2024. « Nous avons vu le secteur de l’immobilier repartir, ce qui est positif parce qu’il tracte tout un pan de l’économie (équipement de la maison, services de déménagement, prestations de Services à la personne, etc ...) », complète le praticien.

Un intérêt pour la franchise qui ne décroît pas

La formule séduit et interpelle toujours autant, comme en témoignent le visitorat du salon Franchise Expo Paris et les chiffres produits par la Fédération, comme le rappelle notre expert en géomarketing.

« De 2014 à 2024, on enregistre +16% en nombre de franchiseurs, +33% en nombre de franchisés, et +72% en total de CA réalisé. » Ce qui traduit, au passage, une bien meilleure performance moyenne par point de vente. On peut donc en déduire que les périodes de crise favorisent davantage la franchise que l’entrepreneuriat classique.

Retrouvez les chiffres 2025 de la franchise.

Sur quels secteurs porteurs miser actuellement ?

Cette année, tous les secteurs n’offrent pas les mêmes opportunités selon les effets de la conjoncture et compte tenu des attentes des consommateurs.

Les secteurs qui bougent

L’amélioration et l’équipement de l’habitat

Avec la reprise du secteur de l’immobilier, les couples et les familles veulent disposer d’un habitat bien aménagé. Des velléités également soutenues par la crise sanitaire, qui a vu les Français rester davantage à leur domicile et moins sortir.

Le bien-être

Selon une tendance de consommation lourde, les jeunes générations veulent prendre soin d’elles et privilégient des postes de dépenses liés au bien-être (sport, fitness, diététique, cosmétique, etc.) Autant de secteurs promis à un développement structurel, selon Sylvain Bartolomeu.

La silver économie

On retrouve les secteurs exposés à ce compartiment de notre économie, dans une logique tout aussi structurelle et porteuse à long terme. Des perspectives alimentées par le vieillissement de la population, et par la nécessité de prendre en charge la dépendance.

Les loisirs augmentés et la restauration festive

C’est le grand gagnant que Nicolas Louis-Amédée voit se détacher, après un début de décennie morose. Cela correspond à un secteur très large, ayant connu différentes vagues comme les laser games, les escape games, les salles de quizz... Mais ce sont les combos loisirs + restauration qui fonctionnent particulièrement.

« J’observe un bouillonnement de concepts hybrides mêlant la restauration et des activités aussi diverses que l’escalade, les espaces de coworking ou encore les arènes d’e-sport. L’objectif étant d’en faire de véritables pôles de loisirs, de véritables lieux de vie, de convivialité et de détente à l’expérience client la plus complète possible. »

Pour sa part, le représentant de Franchise Management note un engouement fort autour de concepts hybrides mêlant la bière ou les cocktails, les planches apéros, mais aussi des événements comme des concerts.

« C’est un secteur que je vois se développer fortement. Les consommateurs veulent que les lieux de restauration ou de nuit leur proposent un vrai dépaysement, et même de l’enchantement avec des activités comme bowling, la brasserie, la réalité virtuelle », détaille-t-il.

La restauration « classique » a-t-elle toujours le vent en poupe ?

Pour le Product manager Géomarketing de Ciril GROUP, elle reste une valeur sûre. Mais elle peut aussi souffrir en fonction des spécialités, des modes sur certains produits, de la provenance des produits ou encore des inspirations.

Mise en perspective

Post-covid, certains secteurs ont repris des couleurs. « Typiquement, on sent le poids des cycles avec des phases successives que sont la surconsommation, la saturation, puis la reprise. Pendant que d’autres filières restent encore chahutées », reconnaît Sylvain Bartolomeu. S’ils ne sont pas toujours les plus attractifs, le fait de les connaître vous donnera accès à de nouvelles opportunités, au-delà des activités à la mode ou médiatiques.

Ensuite, il faut aussi reconnaître que nous vivons une situation un peu paradoxale car il n’y a jamais eu autant de défaillances d’entreprise que depuis l’an dernier. « On l’a aussi vu avec de gros réseaux succursalistes mettre la clé sous la porte, c’est suite notamment aux remboursements du PGE et aux conséquences du covid, qu’on ne ressent que maintenant », enchérit Nicolas Louis-Amédée.

Conséquence, il y a aussi des opportunités qui se profilent, de beaux emplacements à saisir et de fonds de commerce à reprendre. « Cela s’inscrit dans une course de vitesse qui devrait déboucher sur l’émergence d’un ou deux leaders par sous-segment – ceux-là même qui auront su prendre de la vitesse, se consolider rapidement et faire capituler leurs concurrents », conclut-il.

Les technologies digitales favorisent-elles l’émergence de nouveaux concepts ?

Pour Sylvain Bartolomeu, elles ont davantage d’impact sur les modèles des réseaux existants - qu’il s’agisse d’organisation et de modes de production, qu’elles ne donnent naissance à de nouveaux concepts à proprement parler.

« Je le vois dans les services à la personne, où des applications ciblées de l’Intelligence artificielle devraient grandement optimiser les prestations, engager de nouvelles façons de faire. À mon sens, ce n’est pas la technologie qui guide le commerce, mais bel et bien le client dans ses attentes et ses usages qui, de toute façon, évoluent

Plus d’informations dans nos dossiers par secteur.

Quel profil de franchisé gagnant aujourd’hui ?

Ayant sensiblement évolué ces dernières années, la population des candidats est devenue moins homogène et se répartit davantage entre des plus jeunes et des seniors – renouvelant aussi le marché.

Des candidats nettement plus jeunes

Le président de Franchise Management rappelle que l’âge moyen à l’ouverture d’une première unité est passé à 35 ans, et que l’on retrouve de plus en plus de jeunes en sortie d’études.

« Nous n’avons plus affaire à des quadragénaires qui se lançaient dans la franchise pour rebondir ou réaliser leur vieux rêve d’entreprise. Nous sommes passés de la franchise comme mécanisme de reconversion, à un véritable levier de construction de carrière par l’entrepreneuriat et ce beaucoup plus tôt », analyse-t-il. Reste ensuite à savoir comment les franchiseurs rendent possible ces schémas – notamment en matière de financement, car ces profils rencontrent logiquement plus de difficultés que les autres.

Un constat confirmé par le Product manager Géomarketing de Ciril GROUP, observant que des candidats se lancent aussi dans leur jeune trentaine, après une première expérience comme salarié. « Certains ont pu constituer un bas de laine pour financer leur apport dans une franchise peu gourmande en capitaux. A ce titre, le covid les a aidés et fait ressortir des capacités d’épargne, dont la France est par ailleurs coutumière. »

Ensuite, il faut rappeler que les franchiseurs eux-aussi rajeunissent et qu’ils attirent par la force des choses des franchisés qui leur ressemblent. « Cela ne signifie pas qu’ils les recherchent activement, mais ils viennent à eux et ils doivent vivre avec cette réalité », poursuit-il.

Enfin, on sait que les réseaux valorisent et mettent en scène beaucoup plus qu’avant les concepts et les réussites entrepreneuriales. « La franchise n’y fait pas exception et cela explique sans doute leurs velléités à entreprendre plus tôt avec ce modèle », conclut l’expert en géomarketing.

Mais aussi des seniors en fin de carrière

Concomitamment au rajeunissement des candidatures, on voit les seniors investir massivement dans la franchise. Les difficultés à retrouver un emploi après 50 ans sont croissantes et ils se disent que c’est peut-être le bon moment pour réaliser ce rêve de devenir leur propre patron.

« Ces quinquagénaires recherchent une aventure de 10 à 15 ans, soit l’équivalent de deux périodes contractuelles, puis ils rentreront en phase de cession. Ce qui ne va pas sans un certain stress, car ils n’ont pas le droit à l’erreur et ils ont moins de temps que les jeunes pour se remettre d’une erreur et créer de la valeur patrimoniale pour leur retraite », poursuit le consultant en franchise.

Intervenant lors d’une conférence à Franchise Expo Paris sur la thématique[1], il trouve salutaire que les organisateurs du salon, qui communiquent sur les réseaux et invitent des influenceurs pour sensibiliser les plus jeunes, investissent aussi ce segment.

Entrepreneurs par nécessité plus que par choix, « ces candidats sont rassurés par le modèle de la franchise et peuvent tenir plus longtemps en s’auto-employant, pour tenir face à l’allongement inéluctable de la durée de cotisation », rappelle aussi Nicolas Louis-Amédée.

[1] « Proche de la retraite ? Et si c'était LE moment pour entreprendre ? Témoignages et conseils » - conférence du Lundi 17 mars 2025 à 16:15 animée par Vincent Caltabellotta (Be A Boss).

Lire aussi notre article : La création en franchise, bouclier anti-chômage pour les seniors ?

Avant d’envisager vous lancer ...

01 – Soyez regardants sur votre futur franchiseur

Lorsqu’on sait que la France compte seulement 2 089 franchiseurs pour 3,6 millions d’entreprises et 600 000 commerces, être franchiseur se révèle un métier très exigeant.

« Quand la météo est moins favorable, je suis d’autant plus vigilant au bateau sur lequel je monte, et à son skipper... J’encourage donc les porteurs de projet à être très regardants sur leur futur réseau, le professionnalisme dans sa construction, sa structuration, mais aussi l’animation et l’assistance qu’il va leur offrir. Car en rejoignant une enseigne, ils veulent se procurer le meilleur coach et intégrer la meilleure équipe pour atteindre leurs objectifs », argumente Sylvain Bartolomeu.

Un conseil bienvenu quand certains entrepreneurs, surfant sur la vague d’un marché d’opportunité, pensent pouvoir franchiser leur concept à bon compte.

02 – Validez le potentiel du concept

Il convient de rester prudent dans le choix de votre activité et de fuir les marchés en décroissance. « On sait que les choses peuvent toujours se gâter en cours de vie contractuelle, alors évitez de multiplier les difficultés et sachez en éliminer certaines dès le départ », recommande Nicolas Louis-Amédée.

Ce qui implique également de choisir un bon emplacement, comme toujours, mais aussi de ne pas borner votre perception à celle du marché national. Car la réalité locale pourrait bien vous offrir des correctifs, positifs ou négatifs.

Candidats à la franchise, retenez que 2025 est un meilleur millésime que 2024 pour vous lancer, mais aussi que la conjoncture économique et le climat d’affaire ne font pas tout. Si votre motivation est là, cela ne doit pas vous dissuader de vous lancer et de bien préparer votre projet.

Et si vous exploriez les réseaux sur L’Observatoire de la Franchise pour établir votre shortlist et préparer vos dossiers de candidature ?

Pour compléter votre information, découvrez :

o Jeunes candidats, devez-vous vous associer pour mieux réussir en franchise ?

o Les villes moyennes : un terrain de jeu pour les entrepreneurs ?

o J'ai un faible budget / apport. Y a-t-il des franchises accessibles pour me lancer ?

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Nicolas Coutel
Conseil éditorial - rédacteur
Nicolas Coutel

Conseil éditorial depuis 2017, Nicolas Coutel dispose de quinze ans d’expérience en marketing et communication - dont 10 ans chez Mazars où il a contribué au développement d’une offre de service à destination des réseaux de franchise.

C’est sur cette base qu’il décide de créer son activité, pour se consacrer à l’écriture de contenus pour les enseignes et leur écosystème de conseils.

Titulaire d’une maîtrise en droit public, Nicolas est également diplômé du programme Grande Ecole de Neoma Reims et d’un Master 2 en Sciences de gestion. Féru de développement personnel, il est aussi titulaire d’un certification en coaching professionnel.

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